Nous sommes à un moment critique de l’histoire humaine commune. La pandémie de la COVID-19 a mis en lumière à quel point les humains et la nature sont interdépendants, à quel point notre santé et notre bien-être sont intimement liés à ceux du reste de la planète, et à quel point la crise climatique, la crise de la biodiversité et les crises sociales sont profondément connectées. Un consensus mondial de plus en plus large se dégage concernant l’une des meilleures opportunités de renverser la vapeur et d’ainsi faire en sorte que notre espèce et les milliards d’autres avec lesquelles nous partageons la planète continuent de coexister et de prospérer dans le futur. Il s’agit notamment d’écouter, de respecter, de reconnaître de manière appropriée et de soutenir les Peuples Autochtones et les communautés locales, dont les cultures et les systèmes de gouvernance ont façonné et nourri la diversité de la vie sur Terre depuis des générations et des millénaires, et qui continuent de le faire aujourd’hui malgré d’importantes menaces. Du niveau local au niveau mondial, tous les acteurs et détenteurs d’obligations dans le secteur de la conservation doivent donner la priorité au renforcement des liens profonds entre la diversité culturelle et biologique, tout en respectant, protégeant et réalisant les droits des Peuples Autochtones et des communautés locales.
Cette analyse mondiale est la première à estimer l’étendue des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (abrégés en APAC—territoires de vie) et à analyser leurs valeurs de conservation. Elle s’appuie sur un rapport complémentaire produit sur une période similaire (WWF et al. 2021, à paraître) qui évalue les terres des Peuples Autochtones et des communautés locales de manière plus générale; l’analyse affine l’ensemble de données créé dans ce rapport pour se concentrer spécifiquement sur l’étendue estimée des APAC—territoires de vie. L’analyse fournit des preuves techniques et scientifiques pour renforcer des aspects clés du cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 et sa mise en œuvre. L’analyse démontre que la vision à l’horizon 2050 de la Convention sur la Diversité Biologique, « vivre en harmonie avec la nature », ne peut être réalisée que par le biais d’une approche fondée sur les droits humains qui respecte les Peuples Autochtones et les communautés locales en tant que détenteurs de droits et qui tient pour responsable les gouvernements, les organisations de conservation et les acteurs privés en tant que détenteurs d’obligations.