La vallée de Tsum

Conservation de la nature et de la culture du Peuple Tsumba dans l'ouest de l'Himalaya, Népal

Lire dans la langue d'origine
Photo: Lopsang Chiring Lama
Auteur.e.s: Jailab Kumar Rai et Nima Lama

La vallée de Tsum est à quatre jours de marche de la route la plus proche, l’une des régions les plus reculées de l’ouest de l’Himalaya népalais. La vallée de Tsum est une terre traditionnelle des Peuples Autochtones Tsumba qui parlent un dialecte unique, le Tsumke, ou Tsumba, influencé par une langue tibétaine. La vallée a été déclarée par ses habitants comme Shyagya ou zone non-violente, en 1920. Le Shyagya, une culture de la non-violence enracinée dans la religion bouddhiste, est le principe directeur qui façonne la vie quotidienne des Tsumba. Les visites régulières aux Gumbas (monastères bouddhistes), lieux de prières et de célébration de différentes fêtes religieuses et culturelles, préservent la vie spirituelle. Les monastères, dont Mani Bompos, Mani Walls, Kanis et Chortens, sont des sites importants du patrimoine culturel qui forgent des liens spirituels avec le territoire Tsumba (Rai et Thing, 2020).

Pour les Tsumba, les montagnes qui entourent la vallée sont les demeures des dieux, et il est dit que le Saint bouddhiste Milarepa médite toujours dans les grottes. La vallée est considérée comme un site naturel sacré (Rai et al., 2016 ; Rai et Thing, 2020) et un beyul (refuge sacré caché, dédié aux disciples) créé par le Gourou Rinpoche du 8e siècle qui a introduit le bouddhisme au Népal.

« Nous sommes fiers d’être nés et d’avoir grandi dans un endroit du monde si précieux sur le plan historique, où la conservation de la nature et de la culture est soutenue par des croyances et des pratiques fondées sur la culture de la non-violence ou sur la tradition locale appelée Shyagya ».

Mr. Nima Lama
Photo: Christian Chatelain

image

54 417 hectares

image

Gardiens: 1 810 membres du Peuple Autochtone Tsumba

Située dans l’aire de conservation de Manaslu (Manaslu Conservation Area, MCA), la vallée s’étend sur 54 417 hectares (544 km2)[1], est entourée de majestueux sommets himalayens et se situe entre 1600 et 6705 mètres d’altitude (NTNC, 2020; Rai & Lama, 2020; ICIMOD, 2008). Il s’agit d’un site respecté du patrimoine culturel bouddhiste, qui attire aussi bien les pèlerins que les touristes. La vallée offre un excellent habitat pour les animaux sauvages, en particulier le mouton bleu, le cerf porte-musc, le thar de l’Himalaya et le léopard des neiges, avec environ 2000 espèces de plantes (50 plantes médicinales), 110 espèces d’oiseaux et 33 espèces de mammifères. Il s’agit d’un environnement naturel diversifié qui abrite 11 différents types de forêts (ICIMOD, 2008, p. 15).

La vallée de Tsum est divisée en deux villages, Chumchet et Chekampar, connus respectivement sous les appellations de Basse-Tsum et Haute-Tsum, de l’autre côté de la rivière Budhigandaki-Shiarkhola. Les 33 groupes de villages, qui comptent 1810 personnes réparties en 529 ménages, se situent entre 1905 et 3100 mètres d’altitude (GoN/NPC/CBS 2012, p. 56). 

Carte de l’aire de conservation de Manaslu. La Vallée de Tsum représente le « bras » est de la MCA, entre la Chine, le col du Yamdo et le pic Ganesh Himal. Carte : NTNC, 2019
Un total de 33 petits villages dans la vallée de Tsum. Croquis cartographique: Jailab Rai et Surendra Bhandari

Une grande partie de l’art et de l’artisanat traditionnel, telles que les peintures Thanka (peintures spéciales sur tissus et bois), la sculpture sur pierre (Mani) réalisée principalement par les hommes, les vêtements tissés traditionnels (tels que le bakhu et le dhoja) et les tapis (connus sous le nom de galaicha), appartiennent à leur identité culturelle.

Bien que certains Tsumba travaillent pour des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, il existe d’autres formes de revenus pour assurer leur subsistance. Les principales cultures de subsistance de la vallée sont le blé, le bouquet, la moutarde, les haricots, la pomme de terre et les légumes dans la Haute-Tsum; et le blé, le maïs, le millet, le sarrasin, les haricots et les légumes dans la Basse-Tsum. L’élevage, principalement pour les produits agricoles et laitiers utilisés pour la consommation personnelle, est une autre source de revenus. Les Tsumba tirent également des revenus de la collecte et de l’approvisionnement de Yarcha Gumba (Codycepts sinensi) de mai à juillet, et d’ail sauvage en septembre et octobre (ICIMOD 2008, Rai et Thing 2020). 

Le tourisme est une autre source de revenus. La vallée de Tsum est la porte d’entrée à la province tibétaine de la Chine voisine. La frontière tibétaine se trouve à environ 15 km du plus haut village de Niley. Pour des raisons politiques relatives au mouvement Khampa pour la demande d’un Tibet autonome, la vallée de Tsum est demeurée restreinte aux étrangers de 1975 à 2008 (Mainali, 2014). Après un lobbying continu de la part des chefs de la communauté entre 1991 et 2008, elle a été ouverte au tourisme. Depuis, le nombre de touristes visitant la vallée de Tsum a progressivement augmenté[2]. Les étrangers ont besoin de deux permis népalais : un pour entrer dans l’aire de conservation de Manaslu et un permis spécial pour entrer dans la vallée de Tsum. L’infrastructure touristique comprend 40 hôtels, auberges, magasins, agences de randonnée et guides touristiques qui accueillent les visiteurs dans la vallée de Tsum. Les Tsumbas ont décider collectivement d’interdire aux étrangers d’acheter des terres et d’établir des entreprises dans la vallée. Cependant, en 2020, seulement 27 touristes ont visité la vallée (NTNC/NCA, 2021). Cette baisse drastique est due à la pandémie mondiale de COVID-19. 

Gouvernance des lieux et des personnes

La gouvernance dans la vallée de Tsum est assurée par plusieurs institutions : le gouvernement, qui est composé de chefs de villages élus, de forces de sécurité et d’autres services gouvernementaux; des institutions semi-gouvernementales; d’autres groupes communautaires et comités locaux connus sous le nom de Comités de gestion des aires de conservation (Conservation Area Management Committees, CAMC) mis en place par le projet de la MCA; et les institutions coutumières des Tsumba. Une assemblée villageoise nomme les chefs coutumiers de la communauté, notamment les Ghenchen (chefs de village), les Syara (chefs de clan) et les Ghyange (alliés des Ghenchen), qui sont chargés de faire respecter les décisions et les règles de la communauté (Rai et al., 2016; Rai et Thing, 2020). Ils sont chargés, entre autres, du Bigo Laune, c’est-à-dire le règlement des litiges concernant les dommages causés aux cultures vivrières par les animaux domestiques ainsi que les litiges concernant l’utilisation des pâturages, de la forêt et de l’agriculture. Ils prennent et appliquent également des décisions concernant l’utilisation de l’irrigation, organisent le Ne-Tonle (un rituel de récolte en septembre), gèrent et organisent le Chyokor, un rituel spécial effectué par le Lama du village pendant la maturation des cultures en juillet. Au moins un membre de chaque foyer, généralement le chef de famille, participe à l’assemblée pour discuter des affaires concernant les dirigeants actuels et les nouveaux dirigeants.

Une réunion de l’assemblée du village. Photo: Christian Chatelain

Les médecins traditionnels connus sous le nom d’Amchi, sages et connaisseurs des plantes médicinales, jouent également un rôle important dans la vie des Tsumba (Sherpa et al., 2019), étant donné l’insuffisance des infrastructures et des services de santé. Les Amchis du village, qui ont des droits exclusifs sur la collecte et la distribution des plantes médicinales dans la vallée, sont chargés d’assurer leur utilisation durable et de veiller à la continuité de trois types d’Amchis : (1) ceux qui ont des connaissances spécialisées pour le traitement des animaux domestiques, (2) ceux qui s’occupent de la médecine générale pour les villageois, et (3) ceux qui offrent les traitements contre les poisons[3].

De même, les Lamas (chefs spirituels) jouent un rôle important dans la préservation des pratiques culturelles et de la spiritualité. Ils enseignent les normes religieuses, les valeurs et la spiritualité aux Tsumba par le biais de rituels religieux et de célébrations culturelles (Rai et al., 2016). Les Lamas sont des personnes respectées dans la vallée. Devenir moine et nonne est un choix de vie religieuse très respecté. Le Laprang ou Lama local, accomplit des rituels qui célèbrent les cycles de la vie et du village. Le Lama du monastère de Gumba, également connu sous le nom d’Autari-Lama (Lama qui a renaquit), organise les célébrations religieuses les plus importantes, enseigne et prêche les philosophies religieuses et la spiritualité. 

Deux organisations communautaires, le Comité Tsum de la santé (Tsum Welfare Committee, TWC) et le Comité Tsum de conservation du Shyagya (Tsum Shyagya Conservation Committee, TSCC), ont été légalement créées en 2006 et 2018 sous la direction de Nima Lama. Elles fournissent des plateformes institutionnelles pour le développement communautaire, la préservation de la culture, de la religion et de l’identité des Tsumba, l’organisation des festivals Shyagya, la promotion de la culture et de la pratique de la non-violence au-delà de la vallée, et l’établissement de relations avec le gouvernement, les dirigeants politiques et les agences de conservation.  

Depuis 1998, l’ensemble de la vallée de Tsum est sous la juridiction de l’aire de conservation de Manaslu, sous la jurisdiction du Departement des parcs nationaux et de la conservation de vie sauvage (Department of National Parks and Wildlife Conservation). La gestion de cette aire est confiée à l’Organisation nationale pour la conservation de la nature (National Trust for Nature Conservation, NTNC), une agence de conservation népalaise constituée par une loi spéciale. La NTNC, par le biais du projet de l’aire de conservation de Manaslu, a mis en place, au sein de la MCA et dans le reste de la vallée (NTNC, 2020b), un total de 7 comités populaires locaux, appelé Comités de gestion de l’aire de conservation (Conservation Area Management Committees, CAMC). Au sein de ces comités, les Tsumba s’organisent également en groupes de femmes, d’agriculteurs et de jeunes. Les activités de conservation et de développement communautaires, y compris l’amélioration des moyens de subsistance dans la vallée de Tsum, sont planifiées et réalisées par deux CAMC (NTNC, 2020a; 2020b). De la même manière, les institutions gouvernementales locales et d’autres institutions de santé, d’éducation et de sécurité mènent des activités sociales et de développement. Les institutions modernes et étatiques remplacent progressivement les institutions coutumières Tsumba (Rai et al., 2016).

Conservation de la nature et de la culture

Le paysage bioculturel comprend les montagnes, les lacs et les chutes d’eau de l’Himalaya, ainsi qu’une faune commune comme les cerfs musqués et les moutons bleus, qui coexistent tous avec le patrimoine culturel bouddhiste et les sites sacrés. La conservation de la nature et de la culture fait partie de la vie quotidienne et de l’engagement spirituel Tsumba dans la vallée sacrée. Les Tsumba ont déclaré la Haute-Tsum comme une zone non-violente lors d’une célébration du  wang-pooja en 1920, après avoir approuvé la proposition du vénéré Lama Serap Dorje Drukpa Rinpoche. La déclaration de non-violence guidée par les philosophies bouddhistes comprend sept règles. Celles-ci sont écrites dans le texte Sambota, signé collectivement, et sont devenues des lois (Rai et al., 2016, p. 228 ; Rai et Thing, 2020; Thing, 2020) :

  1. Ne pas tuer d’animaux;
  2. ne pas chasser;
  3. ne pas récolter de miel;
  4. ne pas vendre d’animaux aux bouchers;
  5. ne pas piéger les animaux/oiseaux;
  6. ne pas faire le commerce de la viande; et
  7. ne pas brûler les forêts.

La croissance des espèces d’arbres rares, surtout en haute altitude et dans un climat froid, est très lente. Ainsi, la déclaration est vitale pour la conservation de la nature et des êtres vivants dans la vallée de Tsum. Au fil du temps, les rituels culturels et les célébrations des Tsumba ont permis de maintenir l’engagement collectif en faveur de la déclaration. En 1939, les Lamas de tous les Gumbas de la vallée et les habitants locaux se sont réunis lors de la Saka-Dawa, un événement spécial qui célèbre la naissance du Bouddha, et ont exprimé leur engagement au texte de la déclaration, qui a été à nouveau affirmé lors de manifestations culturelles en 1965, 1970, 1972 et 1998. Les événements culturels et les festivités, tels que Loshar, Nara, Dhachyang et Shyagya, ainsi que différentes prières (Saka-Dawa, Lwahwaaf Tuechyen, Yaarney, Lahkhang, Mani Tyungyur, Dukpa Chhesi et Farning) sont essentiels pour forger des solidarités communautaires et aider à la conservation de la nature et de la culture (ICIMOD, 2008 ; Rai et al., 2016; Rai et Thing, 2020).

Grand bharal (Pseudois nayaur) dans la Haute-Tsum. Photo: Madhu Chettri

Le leadership des Lamas est également essentiel. Par exemple, la guidance de Kyabje Drukpa Rinpoche (Ngawang Khanrap) depuis 1965 est d’une grande importance au regard de ses enseignements sur la tradition et les philosophies Shyagyas, qu’il partage lors des festivals culturels. Les Tsumba le vénèrent en tant que principal « patron » de la tradition Shyagya. Il existe également d’autres « patrons » respectés de cette tradition: trois Lamas Labrang de trois villages de la Haute-Tsum (Niley, Ngak et Khangsar), un Lama de Muu Gumba, et un Lama de Rachen Gumba. Le chef de la communauté, Nima Lama, originaire de la Haute-Tsum, est aussi considéré comme « patron » pour avoir dévouer sa vie à la vallée.

La Haute-Tsum a été délimitée par quatre frontières et autoproclamée non-violente en 2008 lorsque Nima Lama était président du gouvernement local. Il ‘sagit d’une revendication symbolique et d’une marque d’engagement en faveur de la non-violence sur le territoire Tsumba. Depuis lors, les dirigeants Tsumba ont obtenu des fonctionnaires du gouvernement déployés dans la vallée le respect et la conformité à la culture de la non-violence, instaurée comme règlement de la communauté locale.

Les deux premiers festivals Shyagya de Tsumba, en 2009 et 2012, ont présenté des activités culturelles telles que des danses, des chants, de la musique, des jeux et sports traditionnels, en plus des prêches des Lamas. Ces événements ont également servi à sensibiliser les personnes non-Tsumba et les représentants du gouvernement. Lors du festival de 2012, la communauté Tsumba de Basse-Tsum s’est également autoproclamée comme zone non-violente et s’est engagée à respecter la déclaration de non-violence; ce qui a eu pour conséquence la remise volontaire de 58 armes illégales aux autorités gouvernementales (Rai et al., 2016; Rai et Thing, 2020).[4]

Ces festivals culturels maintiennent non seulement les valeurs culturelles, les croyances et les pratiques de conservation de la nature et de la culture Tsumba, mais les transmettent également aux nouvelles générations. La conservation bio-culturelle et les pratiques de non-violence prospèrent sur le territoire de vie Tsumba grâce aux actions collectives persistantes des Tsumba et de leurs dirigeants. Comme le reconnaît Nima Lama, « Nous vivons ici avec tous les animaux et oiseaux sauvages comme membres d’une même famille ».

Menaces externes et internes pour le territoire de vie Tsum

Bien que le territoire de vie Tsum ait de fortes pratiques culturelles ancrées dans son contexte naturel, il est confronté à cinq menaces majeures. La première est l’expansion des institutions modernes de conservation et de développement, telles que les Comités de gestion de l’aire de conservation, bien que les institutions et pratiques coutumières Tsumbas aient déjà été rendues obsolètes et remplacées par les principales institutions communautaires de l’aire de conservation de Manaslu. Deuxièmement, l’expansion continue des routes vers la vallée de Tsum, depuis Arughat dans le sud-ouest et la frontière tibétaine dans le nord-est, constitue une autre menace pour le territoire. Il n’existe pas de garanties appropriées pour les sites du patrimoine culturel, comme le montre l’utilisation d’un bulldozer en 2013 pour la construction d’une route traversant la vallée. Cela a déclenché des débats sur l’antagonisme entre la conservation de la nature et de la culture d’une part, et le développement de l’autre, dans la vallée de Tsum mais aussi de manière générale au Népal.

La troisième menace principale pour le territoire Tsum est l’essor du tourisme, qui nécessite plus d’hôtels, d’auberges, de magasins et de petits commerces. L’augmentation de l’importation de marchandises dans la vallée entraîne une surpopulation et génère la dégradation de l’environnement, plus de pollution, des menaces pour la faune et la flore et une surconsommation de bois de chauffage dans les auberges. Cette situation est atténuée par des règles interdisant aux étrangers d’exploiter des hôtels, des auberges et des commerces dans la vallée, ainsi que par une plus grande utilisation de GPL (gaz de pétrole liquéfié). 

La quatrième menace est l’émigration rapide vers les villes, en particulier des jeunes en quête d’une éducation et d’opportunités d’emploi. Il en résulte une perte progressive du patrimoine culturel tangible, comme les habits traditionnels, la gastronomie, l’artisanat, les chants et les danses, ainsi qu’intangible, comme les valeurs et les croyances, en plus de la langue Tsumba. Les écoles de la vallée de Tsum[5] n’offre une éducation que jusqu’à la cinquième année, et l’on craint que les jeunes vivant seuls et loin de leur famille n’oublient leur culture.

Enfin, les moyens de subsistance locaux et les différents contextes environnementaux sont touchés par les catastrophes naturelles induites par les changements climatiques et par des événements météorologiques extrêmes tels que les fortes chutes de neige, les avalanches, l’absence ou la diminution des chutes de neige, la réduction des dépôts de neige et de glace sur les terres agricoles et les terrasses, et l’amincissement de la couverture neigeuse dans les montagnes. Le manque d’herbe sur les terrasses ouvertes a poussé les cerfs musqués et les chevreuils à faire des raids sur les cultures de la vallée pendant la saison sèche. Les nuisibles prolifèrent sur les terres agricoles et la récolte saisonnière du Yarcha Gumba, un champignon chenille (Cordyceps sinensis) et principal moyen de subsistance des Tsumba, a diminué.

Danses traditionnelles lors du festival Shyagya en 2012. Photo: Madhu Chettri

Opportunités et avenir souhaité du Peuple Tsumba

Les activités de conservation, les pratiques culturelles et la spiritualité du Peuple Tsumba sont revitalisées par différents événements communautaires et culturels tels que les festivals Shyagya qui forgent la solidarité communautaire et l’engagement collectif. La conservation de la diversité bioculturelle sur le territoire de vie Tsum prospère grâce à une culture, des traditions et des croyances religieuses fortes. Malgré les collaborations locales avec l’aire de conservation de Manaslu, il n’existe actuellement aucune désignation ou reconnaissance juridique ou politique pour la déclaration volontaire de non-violence, les lois coutumières et les institutions. Malgré les multiples menaces auxquelles il est confronté, le Peuple Tsumba s’est engagé à maintenir les pratiques culturelles et la tradition Shyagya. Il aspire au respect et à la reconnaissance appropriée de la non-violence sur son territoire et des règles et pratiques de conservation de la culture qui y sont associées, telles qu’elles coexistent dans la gestion communautaire de l’aire de conservation de Manaslu. Nima Lama affirme : « Nous aimerions voir notre culture, nos pratiques et nos croyances bien documentées, pleinement intégrées et transmises à la nouvelle génération, et que l’importance du Shyagya soit communiquée à la communauté nationale et mondiale. Nous voulons développer la vallée de Tsum comme un des exemples de musée à ciel ouvert dédié à la conservation de la nature et de la culture, pour le monde entier ».

Références

  • GoN/NPC/CBS. 2012. National Population and Housing Census 2011. Kathmandu: Government of Nepal (GoN), National Planning Commission (NPC), Central Bureau of Statistics (CBS).
  • ICIMOD. 2008. Great Himalayan Trail: Preparatory Study, Tsum Valley, Gorkha District. Lalitpur, Nepal: International Centre for Integrated Mountain Development (ICIMOD).
  • Mainali, M. 2014. Upallo Thalo (Eng. Place behind). Kathmandu: Jagadamba Prakashan.
  • National Trust for Nature Conservation (NTNC). 2020a. Draft Manaslu Conservation Area Management Plan, 2020-2024. Kathmandu: National Trust for Nature Conservation (NTNC).
  • National Trust for Nature Conservation (NTNC). 2020b. Nature for Prosperity: Strategic Plan 2020-2025. Kathmandu: National Trust for Nature Conservation (NTNC).
  • National Trust for Nature Conservation (NTNC)/Manaslu Conservation Area (MCA). 2021. The Tourist Record Maintained by Manaslu Conservation Area (MCA) Check Posts. Kathmandu: National Trust for Nature Conservation (NTNC).
  • Rai, J. K. and Thing, S. J. 2016. A Biocultural Perspective on the Recognition and Support for Sacred Natural Sites in Nepal. In Asian Sacred Natural Sites, Philosophy and Practice in Protected Areas and Conservation, B. Verschuuren and N. Furuta (eds). London: Routledge, pp. 81-92.
  • Rai, J. K and Thing, S.J. 2020. Photo Story: A Territory of Life in Tsum Valley, Gorkha District, Nepal. ICCA Consortium.
  • Rai, J. K., Lama, N., and Verschuuren, B. 2016. Sacred Tsum Valley: Improving biodiversity conservation with lessons for effective management of protected areas in Nepal. In Asian Sacred Natural Sites, Philosophy and Practice in Protected Areas and Conservation, B. Verschuuren and N. Furuta (eds). London: Routledge, pp. 2021-2033.
  • Sherpa, P., Lama, N., and Sherpa, P. D. 2019. Traditional Amchi Practices among Indigenous Communities in Nepal. Centre for Indigenous Peoples Research and Development (CIPRED), Kathmandu.
  • The Himalaya Times, 11 Feb. 2020. Sacred Tsum Valley Gears up for Centennial Celebrations
  • Thing, S. J. 2020. 100 Years of Declaring Non-Violence in the Tsumba Territory of Life in the Nepalese Himalaya. ICCA Consortium (accessed 16 December 2020).

[1] Cartes topographiques du gouvernement du Népal, 1996 ; ICIMOD, 2008, p. 2.

[2] Un total de 236 touristes étrangers ont visité la vallée de Tsum en 2015, passant à 274 en 2016, 476 en 2017 et 387 en 2019 (NTNC, 2021).

[3] Actuellement, il y a 9 Amchis au total (3 pour la médecine générale, 4 pour les animaux domestiques et 2 pour le traitement des différents poisons). Dix Amchis de la vallée de Tsum travaillent dans différents endroits à Katmandou et en Inde.

[4] La célébration du centenaire du Shyagya a dû être reportée en 2020, en raison de la pandémie de COVID-19. Voir: The Himalaya Times, 11 février 2020, ‘Sacred Tsum Valley Gears up for Centennial Celebrations’.

[5] Un total de 7 écoles : 3 dans la Haute-Tsum et 4 dans la Basse-Tsum.

A propos des auteur.e.s

Jailab Kumar Rai, professeur adjoint d’anthropologie au département central d’anthropologie de l’université Tribhuvan (TU) au Népal, est volontaire en tant que coordinateur national du Consortium APAC au Népal (Membre du Consortium APAC).

Nima Lama est un chef communautaire de la vallée de Tsum et Membre d’honneur du Consortium APAC.

La recherche est partiellement basée sur la documentation recueillie en 2015 ; voir : Rai, J. K et Sudeep Jana Thing (2020) « Photo Story : A Territory of Life in Tsum Valley, Gorkha District, Nepal ». Consortium APAC. Les auteurs tiennent à remercier Sudeep Jana-Thing pour la révision supplémentaire.

Traduction et révision : Bianca d’Aoust et Rachel Babin